Microsoft n’entend pas renoncer à « Call of Duty »


Le président de Microsoft, Brad Smith, durant une conférence de presse à Bruxelles le 21 février.

« Il n’est ni possible ni réaliste de penser qu’un jeu ou une portion de l’entreprise [Activision Blizzard] soit découpé, puis séparé du reste » a déclaré Brad Smith, le président de Microsoft, après une audition avec les autorités de la concurrence de l’Union européenne à Bruxelles, mardi 21 février. L’Américain balaye ainsi la proposition faite, une dizaine de jours plus tôt, par le régulateur britannique de la concurrence de se séparer de la lucrative licence Call of Duty afin de lever les réticences concernant le rachat d’Activision Blizzard.

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L’acquisition à 69 milliards de dollars du puissant éditeur américain, un record pour l’industrie vidéoludique, se heurte à des obstacles depuis l’automne. Les régulateurs de la concurrence aux Etats-Unis, au Royaume Uni et dans l’Union européenne ont émis des premiers avis défavorables. Aucun vedict définitif n’a toutefois encore été prononcé.

Les différentes entités redoutent, notamment, que la prise de contrôle des licences à succès Call of Duty, Candy Crush et World of Warcraft par le constructeur de la Xbox nuise aux consommateurs, craignant, par exemple, que le célèbre jeu de tir ne devienne une exclusivité des consoles Microsoft. En réponse, Brad Smith a annoncé mardi à Bruxelles qu’un contrat avait été passé avec Nintendo pour que Call of Duty soit de nouveau disponible sur les plates-formes de la marque japonaise, après un hiatus de près de dix ans.

Autre sujet de préoccupation : le secteur du cloud gaming, encore frémissant, dans lequel Microsoft est en position de force grâce à son service de jeu par abonnement Game Pass. Un accord avec le concurrent Nvidia, propriétaire du service de cloud gaming GeForce Now, a aussi été noué afin de dissiper les craintes de monopole émises par les différentes autorités de la concurrence.

Verdicts attendus au printemps

Le régulateur européen a ouvert, en novembre, une enquête approfondie sur le projet de rachat de l’éditeur américain, jugeant que l’opération pouvait « sensiblement réduire » la concurrence sur ce marché vidéoludique. La Commission européenne s’était alors engagée à prendre une décision avant le 23 mars.

Le 21 février, Bruxelles a donc auditionné à huis clos le président de Microsoft, ainsi que Phil Spencer, le dirigeant de Xbox et le président-directeur général historique d’Activision Blizzard, Bobby Kotick. D’autres entretiens ont aussi été menés avec des entreprises concurrentes, comme Alphabet, maison mère de Google, Sony ou Nvidia, selon l’agence de presse Bloomberg.

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Le régulateur britannique, la Competition and Markets Authority (CMA), avait également craint, en effet, de potentiels « préjudices » pour les joueurs du Royaume-Uni provoqués par l’acquisition. Il avait, quant à lui, donné jusqu’au 22 février à Microsoft pour répondre à ses préoccupations. Son avis définitif doit être rendu avant la date butoir du 26 avril.

Enfin, aux Etats-Unis, la Federal Trade Commission (FTC) considère que la stratégie de Microsoft risque d’entraîner « une hausse des prix, une baisse de la qualité et une réduction de l’innovation ». Elle a, de son côté, engagé un procès contre Microsoft, prévu pour août, pour déterminer si l’opération, annoncée en janvier 2022, pourra se poursuivre ou non.

Le Monde avec AP et Bloomberg



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